A-t-on besoin d'une culture générale pour traduire en langue de spécialité ?
Résumé
Cet article aborde la traduction technique ou spécialisée à partir
de l’extrémité inverse du spectre : la culture générale, concept
qui a lui-même évolué à mesure de la croissance exponentielle
des connaissances accessibles et de la fragmentation des sociétés.
De ce fait, la question de la culture générale se formule de
plus en plus en termes de flux, et non plus seulement de stocks :
comment accéder à l’information – et à une information fiable –
pour traduire efficacement en langue de spécialité ? D’où une
piste cognitive, qui conduit à réhabiliter le rôle de l’oubli dans les
opérations de traduction, et le renvoi à différents modèles de pensée
qui fourniraient un arrière-plan à ces opérations : la systémique,
envisagée comme couronnement de la démarche terminologique,
la théorie des schémas cognitifs, ou la casuistique telle
que réactualisée par Carlo Ginzburg. Chacun de ces outils possède
en effet la faculté d’articuler généralité et spécificité dans
un univers qu’il n’est plus possible d’embrasser dans sa totalité.
Si, donc, une culture générale est nécessaire pour traduire en
langue de spécialité, c’est d’abord pour des raisons liées à la prise
de recul que suppose une véritable professionnalisation : affaire
éthique, déontologique et in fine politique.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)